Les aménagements de l’ Homme

La Seine et sa vallée ont été profondément modifiées par l’Homme au cours des 2 derniers siècles. De nombreux aménagements ont été réalisés (construction de digues, approfondissement du chenal, rectification du tracé, arasement d’îles, construction de barrages, de voies de circulation, de zones portuaires, industrielles …) pour dompter le fleuve, permettre la navigation et favoriser le développement économique.

Carte de la vallée de la Seine vers 1750 – Bibliothèque nationale de France

Parmi les conséquences, la Seine a été en grande partie déconnectée de sa plaine d’inondation naturelle (le lit majeur). Le fleuve est aujourd’hui canalisé dans son lit mineur (espace linéaire délimité par les berges/digues dans lequel s’écoule l’eau) et le lit majeur ne peut plus jouer son rôle de zone d’expansion de crues et de régulateur naturel des inondations (« les zones humides du lit majeur jouent un rôle d’éponge »).

Les aménagements réalisés ont également eu un impact significatif sur les milieux naturels de la Seine, et notamment sur les zones humides et aquatiques, et sa biodiversité : artificialisation du sol, assèchement des marais, fragmentation de l’espace, destruction d’espaces naturels…

Aujourd’hui, les différentes politiques publiques (GEMAPI, Trame Verte et Bleue, …) et schémas d’aménagement du territoire (SDAGE, PGRI …) visent à améliorer le fonctionnement naturel de la Seine en restaurant notamment les zones d’expansion des crues et les milieux aquatiques du lit majeur et les connexions hydrauliques avec les affluents et les zones humides du territoire..

Bassin versant de la Seine et principaux affluents

Les digues de la Seine

Dès 1850, les berges de la Seine ont été endiguées pour améliorer les conditions navigation et protéger les biens et les personnes contre l’érosion et les inondations.

 On compte aujourd’hui plus de 157 km de digues, dont 150 km dans la Seine-Maritime et 7 km dans l’Eure. Les ¾ des digues relèvent de la sécurité publique au titre du décret n°2007-1735 du 11 décembre 2007 et sont classées en catégorie C par arrêté préfectoral du 7 octobre 2011 : elles protègent une population comprise entre 10 et 1 000 habitants et leur hauteur est supérieure à 1 mètre.

 La Seine en aval de Rouen est très endiguée et les berges naturelles sont rares. A l’inverse, en amont, on rencontre quelques portions de digues mais la plupart des berges sont restées naturelles.

Schéma type d’une digue de la Seine

La majorité des digues de la Seine sont formées d’un remblai en tout-venant crayeux, recouvert d’un talus enherbé côté terre, d’un chemin de halage ou d’une route sur le sommet et d’un parement en béton ou en moellons bitumineux côté Seine. Parfois, le parement est remplacé par des enrochements ou des gabions. Une murette anti-crue peut également être présente au sommet. Dans la partie basse, la digue est constituée d’une fondation palplanches en métal ou en bois qui maintient l’ensemble.

Le Département de Seine-Maritime et HAROPA-Port de Rouen ont assuré depuis 1950 la gestion de ces ouvrages hydrauliques (respectivement, 95 km et 57 km de digues). Elles sont ainsi surveillées, entretenues et réparées car soumises aux contraintes très fortes du courant, des marées et du batillage.

Depuis le 1er janvier 2018, la compétence GEMAPI, qui inclue la gestion des digues, est confiée de manière obligatoire et exclusive aux Établissements Publics de Coopération Intercommunale à fiscalité propre (lois MAPTAM de 2014 et NOTRe de 2015). Néanmoins, le Département de Seine-Maritime poursuit aujourd’hui les opérations d’entretien des digues dans le cadre de conventions Fesneau signées avec les différents EPCI concernés.

Suite au Décret « Digues » de 2015, les digues doivent être reconnues administrativement et soumises à autorisation, à travers leur appartenance à un système d’endiguement. Un système d’endiguement se compose d’une ou plusieurs digues conçues pour défendre une zone protégée contre les inondations et/ou submersions et cela jusqu’à un niveau d’événement précis nommé le « niveau de protection. » Ce travail de reconnaissance des systèmes d’endiguement de la Seine Normande est actuellement engagé, notamment par la réalisation d’études de dangers (EDD).